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Moz'Art

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Le poète doit être moderne

jeudi 23 décembre 2010

Qu'est-ce que l'amour, dis moi ?





"Un jour on se trouvera et tu sécheras toutes mes larmes et tu me murmuras de douces, de petites choses à l'oreille, tu m'enlaceras et là m'embrasseras, ah, tu me manques, homme d'amour, ah, où peux-tu être.."

Billie Holiday.


"Verlaine rencontre Rimbaud"
C'est ce qu'il a dit la première fois.
J'ai rencontré un fou, comme dans les livres mais en vrai, il marchait l'air de rien.
Pierrot le fou.

J'ai rougis, l'ascenseur était petit.
Il m'a baisé la main et je me suis précipitée dehors, fuyant ses lèvres. J'avais peur.

L'autre soir il me regardait, les larmes aux yeux :
"Mais tu sais bien que je t'aime, j'ai songé à t'abandonner mais jamais (oui, jamais) je n'ai pu te laisser".
A ce moment là, je le détestais.

Il me paye le taxi, les cigarettes en vrac.
Il adore les cendriers et je suis presque jalouse de cet objet auquel il tient.

Je lui avais volé un journal, je voulais garder son écriture.

Il s'était fait mal, des coups au visage :
"Une crise d'angoisse".
Pas un mot de plus ou des détails flous.

Il m'avait menti et j'attendais en bas de chez lui (sans l'avoir prévenu), furieuse, vociférant :
"C'est bon de toute façon j'ai l'habitude de dormir dehors, je m'en fiche, va t'en !"
Il m'a suivi :
"Tu es folle".
J'ai souri, on est rentré. J'ai voulu dormir sur le tapis, j'ai fini sur le canapé, humiliée et fumante.

Il était désolé presque affolé par mon état et j'en jouais. Consciencieusement.
"Il y avait Gainsbourg et des tas de vitrines illuminées. J'avançais rêveuse. L'homme sortit de l'ombre, menaçant".
Lorsque je lui racontais, je riais presque. Euphorique du choc passé.
Un homme m'avait agressé sous ses fenêtres :
"J'appelle la police. Je vais voir la concierge. J'appelle dix amis qui vont lui casser la gueule, moi. Je le tue".
Et je hurlais, à demie hilare :
"Tais-toi ! Ferme là, je te dis !"

Le matin, c'est café/cigarettes, la coutume, notre éveil.

Il m'a toujours considéré comme une héroïne :
"Pour moi, il n'y a pas de demie mesure. Soit on est un génie, soit on est rien et toi tu es un génie".
Là, il méritait une gifle. Je n'avais pas envie d'argumenter sur le fait que ses dires étaient sots et niais et il en profitait.

Il voulait faire l'amour, pas moi. Je n'étais pas d'humeur, alors l'air de rien j'ai lancé :
"Je suis pour l'abstinence sexuelle. Ça m'inspire".
Sa tête était à mourir de rire. Il a pris un petit ton narquois :
"T'es qu'une sale gamine".
Il savait que ça me toucherait. Et j'ai boudé.

Il devait passé chez moi, avant de rejoindre des amis.
Il est arrivé, les yeux exorbités, pâle et bégayant l'absolu.
Il m'énervait, alors le prenant à part, je lui ai dit :
"Je me sens bizarre. Ça faisait un moi que je n'avais pas couché avec un gars.. Tu sais, l'ami dont je te parlais ? Il était là, il y a quatre heures".
Silence.
C'était dur à avaler mais j'avais envie de le secouer.

Il m'avait dit que notre amour était libre et qu'il ne me considérait pas comme sa copine :
"Tu m'as appris une nouvelle forme d'amour et je crois en toi. Je lutte contre ma jalousie car tu ne m'appartiens pas. Je ne veux pas te perdre".
Mais notre amour, qu'est-ce ? On se voit une fois par mois ou chaque jour.
Pas de nouvelles ou trop.

L'hiver pesait sur Paris. Il pleuvait. Je dormais chez lui.
J'avais pris l'habitude, le soir, de m'asseoir nue sur le rebord de la fenêtre pour lorgner les passants et il me regardait, angoissé :
"Descend de là, tu me fais peur".
Et je me mettais debout, renversant la nuque au vide, riant de le voir ainsi.
Je ne descendais qu'après de maintes plaintes de sa part, me réfugiant aussitôt dans ses bras.

On s'était promené dans un parc, il m'avait acheté des fraises. Il y avait une église et il m'a parlé de ses voyages à Jérusalem :
"C'est saint. Une femme m'a dit que j'étais l'Élu".
J'ai haussé les sourcils :
"L'Élu de quoi ? De la connerie crucifiée ?"
Ça le choque toujours lorsque je critique la religion.
Une fois je lui ai écrit un petit poème arrogant :

Le sourire est derrière l'abîme
Et Dieu donne à boire à ses ivrognes
Miséricorde, soyez clément en l'infirme !
Misérable sentinelle, priez pour le borgne !

Que de crucifix pour de si pâles regrets..
Serait-ce une Foi illusoire et molle ?
Cette aura meurtrière n'est qu'amour erroné
Et de son toit arqué la démence se colle !

De toute façon, nous ne sommes pas du même Monde.
Il est aristocrate, moi, fille du Peuple. Bernard et Julie.
Il n'y a qu'à comparer nos chambres :
La sienne est pâle; quelques dessins; une bibliothèque bien rangée; des cendres dans le lit; des paquets de nourriture, divers; des traces de son enfance; quelques objets historiques et beaucoup de mal être confortable.
La mienne est un château ambulant; des immeubles de romans noirs; trop de poésie et beaucoup d'icônes. Les toiles, c'est accessoire.

Il n'y a que lui qui l'appelle
Quand les autres la martèlent
Il pourrait ranimer l'étincelle
Pour qu'elle devienne belle
C'est comme le premier jour
Avant qu'on est fait le tour

Un jour, je lui ai dit :
"Te rappelles-tu de notre rencontre ? Ce jour grisâtre et tes dires ?
"Verlaine rencontre Rimbaud"
Mais Verlaine a tragiquement blessé Rimbaud. Tu savais bien au fond, que cela finirait ainsi. J'ai soif d'amour, un blé au coin des lèvres. Ne me retiens pas".

The End.

Marilu

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Être photographe, c'est être modèle. Être modèle, c'est être photographe. On ne fait que participer à la création de l'Art.

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